Les fêtes sont finies, les papiers cadeaux et les rubans ont rejoint la poubelle de tri, mais les nouveautés high-tech, elles, trônent désormais dans les cuisines. Et parmi les reines du bal ? Les machines à café à grain, que certains appellent aussi « expresso automatique ». Mais pourquoi donc ce bel engouement chez les Français, déjà grands amateurs de café ? Café gourmand comme au bar ou petite dose familière du matin, plongeons napolitain dans l’« explosion » des ventes de ces joyaux ménagers.
Le boom chiffré des machines à café à grain
Les chiffres en disent long : les ventes de machines à café à grain explosent littéralement. Fini le temps où la capsule régnait sans partage : « Le marché est en pleine explosion et a plus que doublé depuis 2018 », explique Emilie Pin, responsable études et statistiques du Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils et d’équipement ménager (Gifam). Petit florilège : +24 % de ventes en 2018, +70 % en 2019, +56 % en 2020 et rebelote, +70 % en 2021 sur le chiffre d’affaires, selon l’institut allemand GFK. Pour ceux qui aiment les volumes, 360 000 unités ont trouvé preneur entre janvier et septembre 2021.
La pandémie ? Même pas peur ! « Ces machines ont commencé à prendre de l’ascension avant le Covid-19, donc il n’y a eu aucun effet de frustration pendant la pandémie. » Autrement dit, le grain menait déjà la danse.
Aujourd’hui, d’après Emilie Pin, « 5 % des Français, soit 1,5 million de personnes, possèdent une machine avec broyeur intégré ». Mais le règne de la capsule n’a pas dit son dernier mot : les machines à dosettes ou capsules restent encore en force, équipant 53 % des foyers.
Passion, personnalisation et convivialité : les secrets du succès
Mais alors, qu’est-ce qui fait frémir les narines (et les cœurs) pour ces machines ? Tout d’abord, la possibilité d’un café « comme au bar » : l’expérience sensorielle, le petit bruit du broyeur, la mousse parfaite… Bref, de quoi faire pâlir le bistrot du coin. Vincent Decaris, chef de produits boisson et petit-déjeuner chez Darty, précise que c’est « un domaine passionnel, à la limite de l’oenologie ».
Concrètement, le consommateur bichonne sa tasse :
- Sélection du grain de café de son choix (au revoir l’uniformité, bonjour le café du torréfacteur du quartier)
- Réglage du broyage, fin ou épais
- Choix de la recette idéale
- Et puis, pour les plus techno-geeks, la connectivité : lancer son café à distance ou recevoir une alerte avant la panne, c’est possible !
- Les amateurs de couleurs et de design n’ont pas été oubliés non plus
Pour Emilie Pin, la tendance du « chez-soi comme un pro » séduit, à l’instar des robots culinaires. Préparer deux cafés à la fois, varier les styles, donner du cachet à la cuisine… les fabricants ne lésinent pas sur le choix du modèle.
L’aspect écoresponsable : un argument-clé
Terminé, les montagnes de capsules jetées chaque semaine dans les ordures ! L’absence de capsule est un argument de poids pour ceux qui veulent allier réveil tonique et conscience environnementale. Selon la responsable Gifam, « On constate que les consommateurs vont souvent acheter leur café chez le torréfacteur du coin », privilégiant le vrac et le commerce de proximité.
Laurent Cours, directeur études et statistiques du Gifam, confirme : cela s’accorde « avec le fait d’être plus respectueux de l’environnement ». Pour tempérer, Vincent Decaris signale néanmoins l’évolution du secteur des capsules avec « des tissus compostables » et cite les capsules San Marco, biodégradables, ou les dosettes en fibres naturelles Malongo. Mais rien n’arrête l’élan du broyeur, champion de l’écologie… et du goût.
Prix, profil type et plaisir d’achat : ce que veulent les Français
Tout ça a bien sûr un prix : on ne devient pas barista à la maison sans casser sa tirelire. Les machines à broyeur démarrent à 299 euros et certains modèles culminent à 5 000 euros, d’après Vincent Decaris. Mais le jeu en vaut la chandelle : la tasse revient « environ deux fois moins cher » selon lui. Autrement dit, l’investissement est vite amorti pour les buveurs invétérés. Emilie Pin va jusqu’à qualifier cet achat d’« achat vertueux ».
Quant au portrait-robot de l’acheteur, il reste stable : plutôt dans la tranche des 35-54 ans, CSP+ et vivant souvent à la campagne ou en maison (pratique quand on doit caser la bête !).
Au-delà de la simple utilité, il y a aussi l’aspect « positionnement social » : ces machines sont fièrement exposées, choisies avec soin et objets de plaisir autant que de statut.
Conclusion : la révolution du grain ne fait que commencer
Le café à grain séduit les Français, surfant sur la tendance du « fait-maison », la quête du goût juste et le respect de la planète. Si le budget peut freiner certains, nul doute que ces machines promettent encore de « beaux jours pour le marché de l’automatique ». Un dernier conseil : avant de cliquer sur « acheter », faites un peu de place sur le plan de travail et préparez-vous à devenir le barista que vos amis rêvent d’avoir chez eux…












